Beaucoup me disent : "Ils sont sympa tes couteaux, mais un couteau reste une arme (...)".
Certes, mais là n'est pas ma philosophie du couteau... de poche.
Pour illustrer la manière dont je perçoit le couteau, je vais vous livrer un extrait du merveilleux livre de Philippe Delerm : "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules". (Editions l'Arpenteur - 1997)
"Un couteau dans la poche.
Pas un couteau de cuisine, évidemment, ni un couteau de voyou à cran d'arrêt. Mais pas non plus un canif. Disons, un opinel n°6, ou un laguiole. Un couteau qui aurait pu être celui d'un hypothétique et parfait grand père. Un couteau qu'il aurait glissé dans un pantalon de velours chocolat à larges côtes. Un couteau qu'il aurait tiré de sa poche à l'heure du déjeuner, piquant les tranches de saucisson avec la pointe, pelant sa pomme lentement, le poing replié à même la lame. Un couteau qu'il aurait refermé d'un geste ample et cérémonieux, après le café bu dans un verre - et cela aurait signifié pour chacun qu'il fallait reprendre le travail.
Un couteau que l'on aurait trouvé merveilleux si l'on était enfant : un couteau pour l'arc et les flèches, pour façonner l'épée de bois, la garde sculptée dans l'écorce - le couteau que vos parents trouvaient trop dangereux quand vous étiez enfant.
Mais un couteau pour quoi ? Car l'on n'est plus au temps de ce grand père, et l'on n'est plus enfant. Un couteau virtuel, alors, et cet alibi est dérisoire :
- Mais si, ça peut servir à plein de choses, en promenade, en pique-nique, même pour bricoler quand on a pas d'outil...
Ca ne servira pas, on le sent bien. Le plaisir n'est pas là. Plaisir absolu d'égoïsme : une belle chose inutile de bois chaud ou bien de nacre lisse, avec le signe cabalistique sur la lame qui fait les vrais initiés : une main couronnée, un parapluie, un rossignol, l'abeille sur le manche. Ah oui, le snobisme est savoureux quand il s'attache à ce symbole de vie simple. A l'époque du fax, c'est le luxe rustique. Un objet tout à fait à soi, qui gonfle inutilement la poche, et que l'on sort de temps en temps, jamais pour s'en servir, mais pour le toucher, le regarder, pour la satisfaction benoîte de l'ouvrir et de le refermer. Dans ce présent gratuit le passé dort. Quelques secondes on se sent à la fois le grand père bucolique à moustache blanche et l'enfant près de l'eau dans l'odeur du sureau. Le temps d'ouvrir et refermer la lame, on n'est plus entre deux âges, mais à la fois deux âges - c'est ça le secret du couteau."
Aujourd'hui, voici un Opinel n°8 en olivier sculpté du motif Celte de la Triquetra.
Mais au fait, c'est quoi la Triquetra ?
La Triquetra est également appelée Nœud de la Trinité. Il s'agit en fait d'un ancien symbole Celte qui représentait la triple divinité : la mère, la fille et l'aïeule.
La Triquetra est faite d'une seule et même ligne qui forme trois ovales liés en leur centre par un cercle .
Chez les adeptes de la sorcellerie, la Triquetra représente la vie, la mort et la renaissance des trois forces de la Nature : l'Eau, la Terre et l'Air. Le cercle interne, lui, représente la féminité et la fertilité. C'est en fait un symbole de puissance et de magie.
A bientôt...